Lettre autographe signée d'Achille de Kergariou, Marcus-Hook 25-27 septembre 1806, au général Joseph de Caffarelli, préfet maritime de Brest
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Longue et importante lettre donnant des nouvelles de l'escadre de l'amiral Willaumez partie de France pour couper la route aux grands convois anglais, et victime d'un ouragan le 19 août 1806 au sud des Bermudes.Le capitaine de Kergariou qui commande la frégate La Valeureuse a pu se réfugier dans la rivière Delaware où il attend que son navire soit réparé pour pouvoir rejoindre Philadelphie.Il raconte comment, après avoir été séparé de l'ensemble de l'escadre le 28 juillet pour avoir donné la chasse à une goélette, il l'a retrouvée le 18 août, à la veille d'un coup de vent terrible qui a causé de grands dégâts: Le 28, je suis entré dans la Delawar coulant bas d'eau en étant entièrement délabré. Le coup de vent avait duré cinquante deux heures. Il donne des nouvelles d'autres bâtiments qui ont également beaucoup souffert: La Cybèle est à Norfolk , Le Patriote et L'Eole à Annapolis. Le malheureux Impétueux a été poursuivi par l'escadre de l'amiral anglais Strachan, puis incendié malgré la neutralité du territoire américain. Kergariou craint d'apprendre que d'autres navires errent encore sans mâts, à la merci de l'ennemi. De nombreux bâtiments américains ont également été détruits, tout comme plusieurs navires du convoi de la Jamaïque. Sans nouvelles de lui, il espère que Le Vétéran, séparé de l'escadre avant l'ouragan, a pu y échapper [Jérôme Bonaparte qui commandait ce vaisseau avait en effet profité de cette séparation pour regagner seul la France ; intercepté par les Anglais, Le Vétéran parviendra cependant à trouver refuge à Concarneau où il restera bloqué jusqu'en 1814].Il est cruel de voir une division qui pour la marche et l'ordre étoit supérieure à tout ce que nous avons rencontré, il est cruel - après une longue et pénible navigation où à la vérité elle n'a pas obtenu de grands succès mais elle a le mérite de la constance au milieu des privations - de la voir se dissoudre et s'anéantir pour ainsi dire dans un instant.Il faut de plus faire face aux difficultés financières pour rééquiper le navire et ses hommes, le gouvernement américain étant nul et sans argent et la plupart des officiers et des matelots ayant perdu tous leurs biens dans la tempête. Mais le seul désir de Kergariou est de pouvoir reconduire la vieille et délabrée Valeureuse en France…On joint la Philadelphia Gazette du 25 septembre 1806 que Kergariou envoie à Caffarelli et où il est question des dégâts subis par l'escadre française, notamment par L'Impétueux brûlé par les Anglais.L'escadre de Willaumez était partie de Brest le 13 décembre 1805. Elle se composait de 6 vaisseaux et de 2 frégates dont La Valeureuse commandée par Achille de Kergariou (1775-1820). Après s'être dirigé vers Sainte-Hélène et le Cap de Bonne-Espérance, elle avait dû revenir vers le Brésil puis la Martinique pour y débarquer des hommes et s'y approvisionner. Après cette dislocation, seuls trois navires dont le Foudroyant de Willaumez reviendront à Brest, La Valeureuse, considérée comme irréparable, sera vendue sur le sol américain.Louis-Marie-Joseph de Caffarelli (1760-1845) était préfet maritime depuis 1800, il fut fait comte d'Empire en 1810. Il était le frère cadet des deux généraux de Napoléon